Pourquoi et comment ?
fredforest .org
SOYEZ RASSURES , PERSONNE NE VEUT TUER FRED FOREST, C’EST LUI-MEME, LE PRINCIPAL INTERESSE, QUI VOUS LE CONFIRME, ICI, ET DANS LES TEXTES QUI SUIVENT...


" QUI VEUT TUER FRED FOREST ? "

Le 18 mars de l’an 2000 Pierre de La Coste, écrivain, publie en grande première un roman numérique aux éditions 00h00.com . Ces éditions, spécialisées dans un nouveau mode d’écriture électronique, jouent un rôle pionnier dans l’évolution de leur profession. L’ouvrage de Pierre de La Coste lancé à l’occasion du Salon du livre et de la Fête de l’Internet 2000 aura la vedette car pour la première fois un roman pourra être consulté sur le e-Book ! Une innovation technologique qui risque quelque peu de bouleverser, et de façon radicale, notre rapport à la lecture...
Ce livre, non sans provocation, affiche pour titre sur sa couverture :

" Qui veut tuer Fred Forest ? "

Le site sur lequel vous êtes, en l’occurrence, a pour objet d’être en quelque sorte une réponse à la provocation du titre par une autre provocation. Mais aussi, et plus encore, d’apporter des éléments d’information explicitant la position de Fred Forest dans cette affaire . Pourquoi a-t-il prêté son nom ? Est-ce pour se faire un nouveau coup de pub ? Ou plus vraisemblablement permettre la connaissance en profondeur des problèmes relatifs à notre identité ? Aborder de face le " pourquoi " et le " comment " des choses, en se payant le luxe de cette magistrale transgression ?

Ces questions ont été diffusées publiquement le lendemain de la publication du livre, conjointement signées par un anonyme comité de défense pour la dignité des droits des personnes à leur nom, et par un obscur syndicat de commissaires de la Préfecture de Police de Paris qui détiendrait des informations confidentielles sur la prétendue tentative de meurtre, dont la personne de Fred Forest aurait fait l’objet ...

LA POSITION DE FRED FOREST .

Personne ne veut tuer Fred Forest, je m’en porte garant. Personne ne veut me tuer. Je l’atteste sur l’honneur. Je le crie sur tous les toits. Je l’affirme, haut et fort, en ma qualité de premier intéressé , victime d’une sinistre plaisanterie qui relève de la pure désinformation.

UN APERCU DU PROBLEME ET LES QUESTIONS QU’IL SOULEVE

Je l’affirme avec force encore une fois, ici, personne ne veut me tuer !

Personne ne veut tuer le " vrai " Fred Forest.
Méfiez-vous des rumeurs, des bruits qui se colportent dans les couloirs et sur Internet, des contrefaçons, ou encore simplement, des homonymies qui prêtent à confusion...

Personne ne veut me tuer.


S’il était avéré que quelqu’un puisse chercher à attenter à ma vie, en qualité de premier intéressé, je serai le premier à en avoir été informé...Soit directement, par le tueur supposé, lui-même, qui aurait proféré des menaces à mon encontre, à un moment ou un autre, soit par une lettre anonyme m’invitant à la prudence, soit enfin, en toute probabilité, par un inspecteur des renseignements généraux dans le cadre réglementé de ses activités professionnelles, qui aurait été saisi de cet inquiétant projet, menaçant de mort ma personne.
Or il n’en est rien !
Aucune information intempestive ne m’a alerté de ce supposé danger que je cours, et dont la presse à son habitude s’est accaparée pour faire ses choux gras...Si quelqu’un nourrit l’intention de vous tuer un jour, et que vous l’apprenez, sans savoir de qui il s’agit véritablement, vous avez bien toujours quelques idées sur l’identité plausible de votre agresseur. Vous ne pouvez pas être raisonnablement tenu dans l’ignorance totale de celui qui veut perpétrer à votre égard un geste aussi définitif. Il vous suffit en faisant votre examen de conscience de passer en revue la liste des personnes qui peuvent avoir de " bonnes " ou de " mauvaises " raisons de le faire. Il vous faut au préalable mettre de la bonne volonté de vote côté. Faire un véritable effort de mémoire et d’imagination en vous interrogeant, honnêtement, sur vos propres comportements à l’égard d’autrui. Remonter à rebours dans le calendrier d’une façon minutieuse et méthodique, dans les jours, les mois où les années qui précèdent cette inquiétante information.
Comptabiliser le nombre de ses ennemis potentiels, dresser l’inventaire scrupuleux dans ses relations, qu’elles soient proches ou lointaines, des personnes susceptibles d’avoir un intérêt manifeste à votre disparition. Essayer, enfin, de se souvenir, en le notant sur un papier, de tous ceux qui affectent un air absent, et par conséquent suspect, quand ils vous entretiennent de la pluie et du beau temps. Ces gens qui vous débitent les pires banalités entre deux portes dans un couloir, aussi bien que dans un repas de famille, entre la poire et le fromage, pour mieux vous paraître neutres et inoffensifs.
Quand rien ne se passe, précisément de particulier, c’est là qu’il faut se méfier le plus !
Avoir du nez plus qu’à l’accoutumée, et un minimum d’intuition, pour détecter ces ondes invisibles et négatives, dont certains individus vous gratifient en vous prenant comme cible privilégiée. Tenter de repérer utilement les sources d’émission, d’en localiser les auteurs. Et, une fois faite cette identification minutieuse, surveiller les faits et gestes des personnes suspectées, sans plus jamais les lâcher une seconde des yeux. Etre prêt à agir et réagir à tout moment, puisque votre vie en dépend directement ! Etre particulièrement vigilant quand ces personnes portent soudain leur main à la poche intérieure de leur veston. Surtout si dans la seconde qui suit on ne voit pas sortir, en même temps, un portefeuille ou un stylo, quand ce n’est pas seulement pour en retirer ostensiblement un mouchoir.
Cette faculté bien sûr de pouvoir détecter les ondes néfastes n’est pas donnée à tout le monde, mais à des degrés différents, avec un peu d’entraînement, chacun peut prétendre bénéficier de ce type d’information, pour peu qu’il soit un minimum attentif à ce qui se passe dans son environnement immédiat.
Je ne prétendrais pas, moi-même, en être doué d’une façon plus extraordinaire que le commun des mortels, ce qui ne m’empêche pas, néanmoins et de façon formelle, de savoir, tout de même, que personne, non personne ne veut me tuer !

QUI VEUT ME TUER A L’HEURE QU’IL EST !

L’énoncé même d’une telle éventualité s’avère absurde à mes yeux.
Je ne me connais pas d’ennemis déclarés. Des artistes peintres, aigris, jalousant ma réussite, assez motivés pour passer à l’acte.
Personne ne veut, ni n’a jamais voulu me tuer !
Personne ne nourrit le sombre dessein de me tuer.
Pour mériter cet honneur, je ne suis pas pour autant un chef d’état en exercice, ni un milliardaire sénile se faisant tirer l’oreille pour trépasser, alors qu’une flopée d’héritiers, impatients, attendent désespérément cette issue, ni non plus, enfin, un caïd du milieu ayant fait l’objet d’un contrat de liquidation en bonne et due forme, commandité par une bande rivale sans morale. Je ne suis rien de tout cela !

JE NE SUIS QUE FRED FOREST, ARTISTE DE SON ETAT ET BON CITOYEN.

Je ne suis au demeurant pas le genre de personne qui aurait pu susciter, de qui que ce soit, une haine aussi tenace que quelqu’un veuille m’ôter la vie, me supprimer du jour au lendemain. D’une nature affable, aux dires de certains, ouvert et convivial, je suis apprécié et reconnu, paraît-il, pour ma capacité à initier le dialogue avec autrui ; et cela m’étonnerait fort, en conséquence, qu’une personne donnée ( allez savoir donc pour quel motif inconcevable ou aberration ? ) ait formé soudain le projet criminel de me supprimer, sans même venir au préalable m’en dire un mot... S’en entretenir avec moi, ne serait-ce que quelques instants. Me fournissant une liste détaillée de griefs qui puissent justifier son intention, ou alors tout simplement, celle des avantages divers dont elle compte tirer bénéfice par ma disparition.
Vouloir me tuer relève d’une pure affabulation !

PERSONNE NE VEUT TUER FRED FOREST AUJOURD’HUI, PERSONNE NE VEUT ME TUER !


Le titre choisi par Pierre de La Coste pour son livre " Qui veut tuer Fred Forest ? ", se donne comme une pure fiction romanesque...étrangère à des personnes existantes ou ayant existé. Une note liminaire de l’éditeur le mentionne d’ailleurs expressément en début d’ouvrage. Nous n’avons par conséquent aucune raison d’en douter. Ce titre malgré sa forme interrogative laisse entendre clairement, en arrière plan, la volonté, la détermination, la préméditation, d’une personne ou d’un groupe de personnes qui auraient décidé, ni plus ni moins, de me supprimer !
Cette perspective brutale qui me menace, peu réjouissante, dément tout ce qui, au contraire, constitue la " réalité " de ma vie. Une vie réputée d’homme tranquille, depuis toujours bon père de famille, bon voisin, bon collègue, étranger à tout ce qui touche de près ou de loin à la violence, seulement occupé à mener quelques actions artistiques anodines pour mon plaisir personnel et celui de quelques fonctionnaires du Centre Georges Pompidou.

DIRE CE QUE L’ON PENSE

Pour être tout à fait honnête, et pour aller jusqu’au bout, disons-le franchement : j’ai très certainement suscité, quelques fois, ici ou là, de la jalousie chez quelques confrères artistes, aigris et perclus de rhumatismes, peintres de profession, ennemis jurés des nouvelles technologies. Mais rien de plus, je vous le jure. Ils sont peut-être quelques-uns, comme eux, à avoir conçu une certaine irritation devant ma " façon de faire", à la fois modeste et arrogante, et devant mon franc-parler qui, il faut bien le dire, ne s’est jamais embarrassé de formules " elliptiques " pour dire le fond de ma pensée, et cela quelque soit la qualité, le rang ou la fonction des interlocuteurs à qui j’avais à m’adresser. Dans la société, on pardonne rarement la liberté de dire et la liberté de faire, à ceux qui ont l’aplomb de mettre en conformité leurs idées et leurs comportements. J’appartiens, plutôt, à cette race de personnes qui vivent leur vie au quotidien, comme ils sont et ressentent les choses au fond de leur personne. Mais de là à penser que j’aurais pu indisposer quelqu’un, même par inadvertance, au point que ce " quelqu’un " puisse nourrir soudain par vengeance, le projet de me tuer, cela semble disproportionné. Un bon criminalogiste, tant soit peu compétent, vous expliquera au tableau noir que la volonté de perpétrer un meurtre implique un ensemble de facteurs concomitants, mais surtout un noyau " motivant " qui n’est jamais anodin et qui, la plupart du temps, trouve ses origines dans un traumatisme psychologique cataclysmique d’origine freudienne. Une fixation cristallisée sur une personne donnée, sous-tendue d’une pulsion de destruction irrépressible.
Je ne vois aucune raison d’être cette personne pour qui que ce soit !
Cette éventualité me paraît hautement improbable, fantaisiste et même, il faut le dire, carrément risible, si jamais elle prétendait me concerner personnellement.

UN ENNEMI QUI VOUS VEUT DU BIEN, UN AMI QUI VOUS VEUT DU MAL...


Admettons donc ensemble, et tenons pour acquis, que personne ne veuille me détruire, me tuer, me supprimer physiquement. Personne, non personne, ne veut perpétrer un meurtre dont, victime innocente, je ferais les frais sans même connaître les raisons profondes qui motivent cet acte insensé !

LE COEUR DU PROBLEME

Pourquoi donc m’être prêté au jeu de Pierre de La Coste ? Pourquoi avoir répondu favorablement à sa demande, avoir accepté que le héros de son roman, issu de sa seule imagination, porte mon nom ?
Au demeurant un personnage, comme nous l’avons dit déjà, de pure fiction, qui il est vrai, dans le roman en question, porte bien mon nom et partage avec moi le fait d’être un artiste...

La réponse est simple :

Il y a quelques mois, prétextant avoir à m’entretenir d’un sujet à la fois très sérieux, très important et à la fois passionnant, l’auteur de " Qui veut tuer Fred Forest ? ", au sortir d’une réunion consacrée à la préparation de la Fête de l’Internet, m’entraîna vers un pub voisin.
Un pub à la mode, près de l’Etoile.

LA BIERE IRLANDAISE

A peine étions-nous installés dans les profondeurs abyssales de nos fauteuils respectifs, face à face, dans le brouhaha général, entrecoupé du tintement de verres qui s’entrechoquent et d’éclats de voix, Pierre que je connais de longue date, se pencha vers moi. Le mystère qui entourait cette situation rocambolesque et ma curiosité étaient maintenant à leur comble. L’oeil vif, animé visiblement d’une certaine excitation, Pierre de La Coste, me regardant fixement, et lâcha soudain, d’un seul trait :
" J’écris actuellement un roman. Le personnage principal est un artiste. Sois rassuré, cet artiste n’a rien de commun avec toi, non vraiment rien de commun, mais je voudrais qu’il porte ton nom... Oui, qu’il porte ton nom. Qu’il s’appelle Fred Forest ! "

A DEUX DOIGTS !


J’étais à deux doigts de l’arrêter et de lui dire :
" Pierre, dis-moi, tu déconnes, ou quoi ? "
Mais je n’ai pas eu le temps de le faire car il repartait de plus belle.
J’étais, bien sûr, à mille lieues, en venant m’asseoir ici, de me voir saisi d’une telle proposition. Rien ne me préparait spécialement à la veille d’un " veekend " à recevoir une demande de cette nature. qui m’atteignait de plein front. D’abord surpris, pris de court, attentif, puis enfin amusé, je le laissais maintenant venir à moi. Il enchaîna, sans une pause pour respirer, accélérant même son débit de paroles. Rapides, brefs, incisifs, les mots tombaient, les uns après les autres, sans me laisser le temps de répondre. " Mon roman est une sorte d’intrigue psychologique et policière, où le héros, Fred Forest, est l’objet d’une tentative de meurtre. Cette tentative est fomentée par sa propre femme qui, avec son amant , cherchent à se débarrasser de sa personne par tous les moyens, et de préférence les meilleurs, pour garantir leur impunité. Pour cela, ils échafaudent une sombre machination. Ce qui devrait n’être dans un premier temps qu’une disparition simulée aux yeux de la victime, s’avère en fait un piège machiavélique, visant à le supprimer véritablement !

LE SALE ET LE SUCRE

Poursuivant avec la même précipitation, sans s’arrêter, lancé dans une fuite en avant, comme pour me rassurer; et surtout ne pas me donner le temps de refuser, Pierre de La Coste renchérissait aussitôt :
" Tu sais Fred, il s’appelle comme toi, Fred Forest, c’est aussi un artiste, mais... un artiste peintre ( léger temps de pause, car dans l’esprit de Pierre, je suis sensé peut-être ne pas aimer beaucoup la peinture contemporaine, et les peintres par voie de conséquence, mais ce n’est là sans doute qu’un préjugé...) mais il n’a rien à voir avec toi, ni avec ton environnement personnel d’ailleurs.
Rien de commun avec toi, Fred, ni dans son comportement, ni dans la façon de parler, ni dans le look, la façon de s’habiller, ni même dans ses goûts en matière culinaire... Tu vois Fred, mon héros est à cent pour cent pour le sucré, alors que tu es toi pour le salé ! "
Ce dernier argument de choc se voulant décisif, manifestant bien par sa forme conclusive qu’il ne supporterait aucune objection.
Pierre de La Coste, encouragé par mon mutisme mi-amusé, mi-incrédule poursuivait de plus bel !
"
Vous êtes parfaitement étrangers l’un à l’autre. Rien non plus dans sa biographie qui puisse ressembler à la tienne. Pas de caractère et de comportement radicalement dissemblables, pour ne pas dire radicalement opposés ! Sous ma plume, à longueur de pages, je le dépeins comme un personnage et un artiste, falot, veule, inconsistant, alors que tu en es tout le contraire, tel qu’on connaît ta personnalité.
Le sourire que j’avais esquissé au passage pour le compliment décoché, et qu’il avait vu passer fugitivement sur mes lèvres, l’encourageait à devenir encore plus volubile. Plus persuasif. Plus convaincant. Il fallait me convaincre, arracher maintenant le morceau comme on dit vulgairement !
Ne sachant pas trop encore à quoi s’en tenir sur ma décision en attente, il redoublait d’arguments. Faisant preuve d’une réelle capacité d’invention ( celle du romancier...) par des trouvailles et des comparaisons, avec lesquelles il jonglait habilement, en nous opposant. Il devenait évident maintenant, aux yeux de la terre entière, qu’entre les deux Fred Forest, le " vrai " et le " faux ", le " réel " et son " homonyme " appartenant à la fiction romanesque, il n’y aurait jamais, non jamais, l’ombre d’un doute ou de confusion.

UNE AUTRE FACON DE POSER LA QUESTION DE NOTRE IDENTITE

En fait cette proposition à laquelle je ne m’attendais guère initialement, une fois la surprise passée, m’avait séduit assez rapidement. J’avais entrevu là immédiatement l’opportunité de faire passer, moi-même, un message ; un message qui serait mon propre message. Ma propre oeuvre !
L’occasion, trop belle, était à saisir à bras le corps. Elle permettrait de poser en quelque sorte une question essentielle, la question de la propre identité de chacun. J’entrevoyais là, comment dire, une possibilité de saisir la publication d’un livre et de l’événement qu’il constitue en lui-même pour réaliser une " oeuvre " qui me soit propre. Une " oeuvre " d’un genre particulier. Une oeuvre ne répondant plus aux critères habituels de ce qui définit généralement l’oeuvre d’art de façon traditionnelle, notamment en ce qui concerne la forme, mais qui en fixerait, précisément, les nouveaux critères.

UN GENRE NOUVEAU

Les critères de ce qui serait... un " genre " nouveau de l’expression artistique, dans un contexte de généralisation médiatique à outrance ! C’est à dire une " oeuvre " informationnelle, qui s’inscrirait dans le dispositif que constitue un événement d’édition et la publication d’un livre, pour y introduire un élément supplémentaire. Un élément " parasite ", qui ferait que mon propre discours se superposerait de façon cohérente au dispositif initial, et qu’en se plaquant dessus, il produirait, par détournement, son propre sens. Un sens indépendant de celui induit et voulu par l’auteur de " Qui veut tuer Fred Forest ? "

ATTENTION UN TRAIN PEUT EN CACHER UN AUTRE

Le roman écrit par Pierre de La Coste conservant certes, par-devers lui, sa propre intégrité et autonomie, mais devenant aussi, malgré lui, le " support " d’un... autre propos. Un propos " étranger " à son propos intrinsèque initial, dont il deviendrait le simple véhicule. Un auteur donné, pouvant ainsi à l’occasion de la publication d’un de ses livres, devenir, un " simple " support, sans rapport direct avec les contenus qu’il aura voulu lui-même développer. Un support qui s’avère être dans notre cas, un roman ( disons, pour aller vite... un roman, psycho-policier ) mais dont l’ambiguïté fondamentale réside dans le fait que le héros de ce roman porte le nom d’un artiste vivant connu. Ce qui permet à ce dernier de développer par " juxtaposition " une réflexion sur les problèmes de la défense du droit des personnes à leur nom et leur image, et d’interroger ce qu’implique la notion " d’identité " pour chacun de nous.


TABOUS ET INTERDITS


Un titre aussi transgressif et provocant par sa formulation même que celui choisi ( le titre en fait a été choisi par moi !, avec bien sûr l’acceptation de l’auteur... ) : " Qui veut tuer Fred Forest ? " , a fait que toutes les conditions se sont trouvées réunies, pour développer, au prétexte de ce livre, une réflexion ( une action...) sur les problèmes que soulève l’identité. Les tabous qui l’accompagnent, comme les illusions qui sont souvent entretenues sur le caractère de son " unicité ", de son originalité, les signes qui sont censés la représenter et par conséquent nous représenter.

SI VOUS ETIEZ UN ANIMAL, QUEL ANIMAL DESIRERIEZ-VOUS ETRE ?

Dans les années 70 , un des trois artistes faisant partie du Collectif d’Art sociologique, Jean-Paul Thénot, exploitant la dérision et la distanciation distinguée, avait proposé des sondages d’opinion à l’intention des protagonistes du micro-milieu de l’art de l’époque : artistes, critiques d’art, responsables d’institutions, etc. Les résultats et les analyses de ces sondages révélaient aux participants, eux-mêmes, du fait de la récurrence des réponses et de leur uniformité que " l’originalité " n’était peut-être pas le facteur le plus significatif des contributions obtenues. Cette action artistique avait pour mérite, et pour les plus lucides, de faire prendre conscience que chacun d’entre nous n’est peut-être pas aussi "unique " qu’il a tendance à le penser...
Qu’elle n’a pas été ma déception quand, interrogeant moi-même le minitel un jour, j’ai découvert avec horreur qu’il y avait 427 personnes en France répondant au nom de... " Forest ". Comble du désenchantement : il y avait même des Frédéric ou Frédérique Forest ! Je les détestais tous sans distinction d’un même élan. C’est pour cela d’ailleurs qu’il vaut mieux éviter de se nommer en France : Martin, Dupont ou Durand, et que je me sens encore malgré tout assez satisfait de m’appeler Forest, malgré les 426 autres... Cela vous donne un sacré coup au coeur quand, par les miracles de l’informatique, on constate soudain que l’on est " dépossédé " d’un attribut identitaire que l’on pensait être le seul à mériter... Et il ne s’agit là, encore, que des Forest qui sont comptabilisés par France Télécom... sans compter ceux qui sont, comme moi-même, sur la liste rouge ou qui ont échappé au dernier recensement.
De toute façon le " Fred Forest " du roman de Pierre de La Coste n’en ferait qu’un de plus...A moins, bien sûr, que l’auteur donne à son meurtrier putatif l’opportunité de réussir son forfait dans la dernière partie de l’ouvrage ? Ce que je ne dévoilerai pas bien entendu, ici, pour ne pas déflorer son dénouement. Vous laissant, selon la formule consacrée, le plaisir de le découvrir vous-mêmes...

EST-ON PROPRIETAIRE DE SON NOM ?

La question de la propriété morale du nom, bien que sensiblement différente du celle du droit à son image, n’est toutefois pas sans rapport. La multiplication des moyens de reproduction, comme celle des moyens de diffusion qui lui est collatérale est inhérente aux développements des technologies analogiques, puis numériques. Ces dernières accélèrent considérablement les multiples utilisations qui peuvent manipuler, détourner, s’approprier notre identité. La pensée moderne ( après la pensée sauvage...) ne nous a pas encore entièrement libéré d’un fond d’archaïsme et de pensée magique qui voudrait que l’appropriation de notre image ( de notre nom ? ) constitue un forme de " dépossession " de notre âme... C’est là que réside nos résistances profondes. Nous sommes jaloux de vouloir préserver nos images et nos noms à tout prix. Cela contre tout réalisme et lucidité, pensant protéger, à travers ses substituts, ce que nous considérons encore à tort ou à raison comme le garant de notre " intégrité ". La préservation de notre territoire identitaire. Ce noyau psychologique autour duquel se structure et se cristallise ce que nous estimons être notre être inaliénable. Il s’agit aussi d’un donné d ‘ordre culturel qui, à mon opinion, tendra à évoluer au fil du temps avec la généralisation des caméras dans les supermarchés, sur les stades de foot, et les cages d’escalier de nos domiciles personnels. Le nom que nous portons capitalisera peut-être moins de " tension " symbolique dans le futur avec les dédoublements sous formes d’avatars et la mise en coupe réglée, sous forme numérique, de nos identités dans des banques de données. Des réceptacles informatiques, fortifiés, où nous viendrons peut-être un jour, à cause de nos mémoires humaines, fragiles et défaillantes, chercher le lieu et le sens de nos origines... Des mémoires qui seront là pour nous dire, sans erreur possible ( le bogue de l’an 2000 n’ayant été justement qu’une erreur humaine...) qui nous sommes en vérité !

L’HOMME COMME PRODUIT DE SON ENVIRONNEMENT

Ces perspectives et ces paradoxes ont de quoi troubler les esprits les plus solides. Chagriner ou révolter bon nombre d’entre eux. Cela pourtant ne doit en aucune manière obérer notre lucidité et nous faire perdre de vue que l’homme est avant tout un produit de son propre environnement et que le nôtre, demain sera informatique.
Le problème de notre identité, de sa perception, de sa formulation, de sa revendication, de sa représentation, est une question sensible qui touche au coeur de tous les individus et, au plan social, au respect de règles et d’un droit qui s’efforcent que chacun puisse être en mesure de la protéger, afin que son " intégrité " ne soit jamais altérée. Qu’elle ne se trouve jamais être captée ou détournée, indûment, à l’insu de celui ou de celle qui la détient, légitimement, par la grâce de dieu et celle de l’état civil.
J’ai été toujours sensible à cette importance que revêt le nom d’une personne comme attribut premier de son identité. La dénomination à laquelle il répond s’impose comme la" représentation " d’elle-même.
J’ai, par le passé, réalisé des actions médiatiques qui illustraient ce questionnement.

OUI J’ACCEPTE DE PRETER MON NOM POUR QU’UN PERSONNAGE DE FICTION ROMANESQUE S’HABILLE AVEC !

Ma décision fût prise sans tergiverser plus longtemps. Pierre de La Coste à bout de souffle, ayant épuisé le chapelet de ses arguments attendait maintenant ma réaction. Essayant de la deviner au fond de mes yeux. Le temps était comme suspendu entre-nous, alors que les buveurs de bière irlandaise s’ébrouaient bruyamment, dans un temps qui lui n’avait connu aucune interruption. Ma réponse, articulée d’une façon nette et précise, en détachant chaque syllabe, tomba d’un coup de mes lèvres, sans hésitation.
" J’accepte volontiers l’offre que tu me fais Pierre. Cela m’amuse et m’intéresse beaucoup. Toutefois, sous réserve de quelques conditions mineures... "
A partir de ce moment-là, il était cl
air que tout le reste n’était que simples formalités sur lesquelles il serait aisé de s’entendre, tel que nous nous connaissions.

LES CONDITIONS

Ces conditions étaient les suivantes :

1- A part le nom, lui-même, et la condition d’artiste, aucun autre élément ne devait, sous aucun prétexte, m’être commun avec le héros de son roman.
2- Je suivrais personnellement la rédaction du livre, jusqu’à sa phase finale, pour m’en assurer.
3- Le galeriste, marchand d’art et collectionneur, Ghislain Mollet-Vièville accepterait, comme moi-même, de prêter son nom au... collectionneur du roman qui monte la machination afin de me supprimer.

L’AMBIGUITE COMME SOURCE DE QUESTIONNEMENT

J’estimais que l’ambiguïté, si ambiguïté il y avait, entre la fiction du livre et la réalité de la vie, devait être exploitée sur des points communs, à l’une et à l’autre, précis, limités à deux, rigoureusement respectés, à savoir celui du patronyme et celui de l’activité professionnelle. Rien d’autre ne devait, sous aucun prétexte, mêler des détails de ma vie privée à cette fiction. Le parti pris choisi étant précisément de s’en tenir à ces deux repères identifiables, tout au long du roman, afin d’éviter toute " dérive " et risque de confusion. Pour rendre aussi plus probante la " démonstration " par défaut que nous désirions faire. Le jeu consistant, précisément, à " doser " savamment cette ambiguïté pour faire émerger, à un moment donné, les questions fondamentales qui la sous-tendent.
Le centre la " réalité " et la " fiction " ne devant, pour la clarté du processus, s’opérer que sur ces deux points de similitude, à l’exclusion de tout autre. Deux points de passage permettant d’aller, par mouvements alternés de va-et-vient, d’un pôle à l’autre des personnages ( le réel et le fictionnel), sans courir le risque majeur de s’égarer en cours de route dans des chemins de traverse conduisant à une inévitable entropie. Le croisement entre " réalité " et " fiction " étant, de manière prévisible, d’autant plus " parlant ", que le mécanisme de leur rapprochement serait simple, voire schématique. Serait " lisible " et repérable par un lecteur. Un lecteur qui ne pourrait jamais prendre ce qui relève d’une oeuvre purement romanesque ...pour la biographie d’un artiste vivant.
Certes la frontière peut paraître mince entre les deux, pour un lecteur moyen qui n’est pas averti forcément du détail de mes faits et gestes au quotidien, mais c’est justement sur ce fil étroit que réside, à mon sens, l’intérêt de ce que nous avons tenté de faire là.
Pour être tout à fait complet à ce sujet, il me suffira d’ajouter, enfin, que sur la proposition que j’ai faite à Pierre de La Coste, un extrait de quelques lignes théoriques qui me sont propres figurent, également, dans le livre " Qui veut tuer Fred Forest ? " Cet extrait est attribué indûment à Fred Forest, le héros romanesque du livre, alors qu’en réalité il est emprunté à l’ouvrage " Pour un artactuel/l’art à l’heure d’Internet " publié en novembre 98 aux éditions de l’Harmattan... Cette référence joue plus ici comme un clin d’oeil, un effet de miroir, qui a pour fonction d’induire que quelque part la boucle est bouclée entre les deux personnages, plus que comme un élément de code permettant un décryptage au niveau global de l’opération.

RENDRE A CESAR CE QUI APPARTIENT A FOREST !

Pour que les choses soient claires dans l’esprit du public, il importe de préciser, au risque de nous répéter, en quoi les démarches respectives de Pierre de La Coste, écrivain, et de Fred Forest, artiste multimédia, sont autonomes, même si nécessairement elles se recoupent comme " acte " de création lié aux deux parties. Une spécificité bien particulière appartient en effet à chacune d’elles, tant par la forme que par la nature des contenus qu’elles visent respectivement à faire passer.
Chacun des deux artistes s’exprime ici à son propre compte, par des moyens qui lui sont propres.
Il s’agit bien de deux démarches organiquement autonomes, à la fois parallèles et divergentes, en tout cas séparées. Des démarches qui prennent sens, néanmoins, dans les points de jonction qui peuvent quelquefois s’établir entre elles.
Il importe de le dire ici par une affirmation, sans hésitation, ni sans complaisance.
Chacun des deux artistes est mis en situation, dans le dispositif en place, de devoir assumer, à part entière, sa propre création. D’aucune manière, autre que la sympathie et l’amitié qui nous rapprochent, nous ne sommes liés par un système de responsabilité ou de caution réciproques . Un système qui tendrait à donner à l’autre un blanc-seing et à avaliser les contenus et la forme de ce que chacun propose de son côté...et qu’il est seul finalement à devoir assurer pleinement.

GENRE ET GENRE

La création de Pierre de La Coste relève d’un genre littéraire parfaitement répertorié. Elle vaut comme produit " innovant " essentiellement par son mode de diffusion électronique et son absence originelle de matérialité, du fait de la nature de son support numérique. Cet état de chose procède d’un choix délibéré de son auteur. Nous savons depuis la réflexion approfondie que Marshall Luhan a mené à ce sujet dans les années 60, que le " médium " utilisé pour un message n’est pas sans conséquence sur la forme, bien sûr, mais aussi sur les contenus dudit message.
En ce qui concerne ma " création ", en la circonstance, elle est sans conteste plus complexe et plus délicate à identifier. Elle ne relève pas, stricto sensu, d’un genre défini par des usages préalables de la tradition...Le genre littéraire par exemple, avec ses catégories et ses sous-catégories, mais d’un GENRE INEDIT, sans antériorité, dont je m’essaye par la pratique d’établir les caractéristiques et les spécificités. Des signes et conditions intrinsèques qui constitueront l’oeuvre produite au final. Les éléments constitutifs de cette dernière relevant directement de conditions liées étroitement à l’environnement informationnel dans lequel un certain nombre de données mises en relation directes ou implicites, les unes avec les autres, sous l’induction de l’artiste, bien entendu, finissent par faire du " sens ". Ou, si ce n’est du sens, contribuent tout au moins, à créer chez le " récepteur " potentiel, un état bien particulier de sensibilité , qui l’amène à se trouver en situation d’interrogation active. Un questionnement d’où peut surgir soudain... le plaisir esthétique ! Mécanisme qui n’est pas très éloigné de la façon dont fonctionne depuis toujours les oeuvres des plus classiques au plus modernes...
Disons que mes ingrédients à moi ne sont pas le blanc de zinc ou le vert véronèse, mais les conditions propres à l’événement lui-même, à la circulation d’informations multimédia et multidimensionnelles, et leur agencement ou télescopage dans des configurations induites.
Dans le cas qui nous occupe, la publication du livre de Pierre de La Coste s’avère en réalité une condition " prétextante ", sur laquelle je viens moi-même, en la phagocytant, en quelque sorte, m’implanter avec l’inscription délibérée qui est faite de mon propre nom, comme celui également du héros de son roman. Le choix de mon nom par Pierre de La Coste et mon accord pour l’utiliser, n’est nullement en l’occurrence, vous l’avez compris, un choix innocent.
Chacun de nous deux y retrouvant des avantages liés étroitement à nos objectifs respectifs. Ce nom de " Fred Forest ", comme me le faisait remarquer justement l’auteur de " Qui veut tuer Fred Forest ? ", est un nom qui bénéficie déjà d’une certaine " reconnaissance " sociale dans l’univers des réseaux, de l’art et d’Internet. Et Pierre de La Coste précisait à cette occasion que pour la création du oeuvre littéraire numérique, avec tout ce que peut comporter d’innovant une telle initiative, ce choix, outre qu’il était porteur et amplificateur du point de vue de l’événement, ferait sens, également, pour ce que je représente comme pionnier dans ces nouveaux domaines d’expression. C’est en tout cas les raisons qu’il m’a avancées, quand le poussant dans ses retranchements , je lui avais demandé, à brûle-pourpoint, avant de lui donner un accord définitif, pourquoi il tenait tant à ce que son héros se nomme Fred Forest ?
Pour moi et la propre création que j’envisageais alors, ce livre ne pouvait constituer qu’une occasion providentielle, supplémentaire, de développer une expérience relative à ma propre recherche artistique.

Je prie l’auteur de " Qui veut tuer Fred Forest ? " de bien vouloir m’excuser de le dire aussi crûment ici, mais son livre, en tout état de cause, ne pouvait constituer pour moi qu’un prétexte qui me permettrait de bénéficier d’un support et d’un vecteur de communication pour créer ma propre " chose " . En fait peu importait en réalité la nature intrinsèque des contenus de son livre et le genre ou la catégorie littéraire dans laquelle il s’inscrivait . A partir de sa proposition et sa demande instante, ce livre ne représentait pour moi, et ma pratique artistique, qu’un médium comme un autre, un " médium " brut, dont j’aurai à m’approprier pour élaborer mes propres formes d’expressions médiatiques et communicationnelles.
Les contenus de ces dernières ressortissant aux grands thèmes qui sous-tendent l’histoire de l’art de toujours, à savoir, notamment, ceux de l’identité, de l’ambiguïté de son statut, de la convention sociale et des transgressions qui peuvent en renouveler utilement la perception et les usages.
En fait, dans un environnement informationnel donné, lui-même en permanente recomposition, le type de création que je propose repose sur un système de signes original que j’élabore, que j’agence et mets en place, sous formes de configurations artistico-politico-esthétiques " parasites ", qui ont pour but de donner une autre lecture de l’environnement informationnel initial.

LES CONDITIONS

Ce travail " sur " et " dans " l’information requérait, dans le projet qui nous occupe, les conditions de base suivantes :

1- La publication d’un livre par Pierre de La Coste dans un genre qui lui est propre, mais qui aurait pu, tout aussi bien, à défaut d’un roman psychologique et policier, s’avérer être un roman d’aventure, un documentaire, un livre historique, voire une relation de presse dans la rubrique politique ou du faits-divers d’un quotidien...

2- Le capital image et notoriété du nom choisi ( de mon nom d’artiste...) comme celui d’un artiste reconnu dans les arts de réseau, de la communication et d’Internet.

3- Le système d’information, l’environnement socio-médiatique et promotionnel qui doit accompagner le lancement du livre avec sa présence simultanée à la " Fête de l’Internet 2000 " et au " Salon du livre ".
La symbolique et l’imaginaire d’une société, placés devant la nécessité aujourd’hui d’investir et de coloniser de nouveaux espaces. Les espaces qui sont ceux de l’information et de la communication. Des espaces qui deviennent, avec leur immatérialité affichée, chaque jour un peu plus de nouveaux " lieux " de vie...L’homme d’hier laissait sa trace sur les parois de la caverne, celui de demain le fera dans la trame virtuelle de ce nouvel espace immatériel qui est déjà le notre : le cyber-space. Un espace qui n’a plus de limites, ni de frontières précises. Un espace fait de fluidité et de flux. Un espace où cette trace maladroite de la main de l’homme trouvera une extension aux dimensions de la planète. Les formes de ce " symbolique " et de cet " artistique " restent encore entièrement à inventer et il appartient aux créateurs de notre époque de le faire, en fixant leur regard droit devant eux et non plus dans le rétroviseur, comme hélas! le témoigne trop souvent encore, les formes essentiellement passéistes de l’art contemporain.
La peinture, aussi, a eu ses " inventeurs ". Picasso, pour ne citer que lui, " invente " la forme : " demoiselles d’Avignon ". Cette forme n’est pas autre chose qu’un dispositif donné, propre à la peinture... Il appartient aux artistes de la société d’information et de communication, en utilisant des informations multimédia et virtuelles, détournées, croisées et juxtaposées, d’inventer des " dispositifs " qui soient spécifiques aux matériaux dont nous disposons désormais pour remplir nos aspirations. C’est là le défi à relever et la responsabilité de ceux qui doivent s’imposer comme les véritables créateurs de notre époque.

CONCLUSIONS PROVISOIRES SUR UN MEURTRE QUI N’AURA PAS LIEU !

Lecteur de prose numérisée, toi qui a eu la patience de descendre verticalement le curseur de ton ascenseur jusqu’au point ultime de la fenêtre affichée sur ton écran, tu seras récompensé :

Regarde-moi droit dans les yeux, n’élude pas la question.
Tu viens de supporter stoïquement tout ce bla-bla indigeste traitant du Fred Forest dans la " fiction " et du Fred Forest dans la " réalité ", des problèmes de notre identité.
Connais-tu, toi-même, ta propre identité, internaute lecteur consommateur de messages numérisés ?

Ton identité, est-ce seulement ton nom, la pointure de tes souliers, ton compte en banque ou ton E-mail ?

Qui et quoi te représentes ?

Comment puis-je, derrière le masque opaque de ton visage, découvrir et voir ce qui constitue ton être ?

That is the question; et il fallait la poser !


Fred Forest, Hôpital Leannec, Vendredi 11 février 2000

" Copyright Fred Forest"


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